
Alors que la consommation de médicaments n'a jamais été aussi importante, l'OCDE s'inquiète des conséquences sur l'environnement, dans un rapport publié le 13 novembre.
En 2018, le marché mondial du médicament a encore progressé de 5% par rapport à l'année précédente, dépassant 928 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Environ 2000 ingrédients pharmaceutiques actifs sont utilisés dans les médicaments sur ordonnance, en vente libre et vétérinaires, dont les résidus se retrouvent inévitablement dans les eaux, les sols, et de fait dans la chaîne alimentaire.
Selon l’OCDE, « Les produits pharmaceutiques étant intentionnellement conçus pour interagir dans de faibles doses avec des organismes vivants, même de faibles concentrations dans l'environnement peuvent avoir des effets négatifs imprévus sur les écosystèmes d'eau douce ». Par exemple, plusieurs études ont montré que les substances actives contenues dans les contraceptifs oraux provoquent la féminisation des poissons et des amphibiens.
Les médicaments psychiatriques, tels que la fluoxétine (Prozac), peuvent également modifier le comportement des poissons et les rendre plus vulnérables aux prédateurs.
La pollution engendrée par ces résidus de médicaments peut provenir des usines de fabrication ou de conditionnement pouvant entraîner des pics de contamination localisés.
La contamination des eaux se fait également en grande partie par l'excrétion des traitements par les organismes humains ou animaux et à l'heure actuelle, les stations d’épuration et de traitement des eaux usées ne permettent pas de filtrer la totalité des résidus médicamenteux contenus dans les déjections et urines. Enfin, le non recyclage des médicaments participe aussi à la pollution. Selon Cyclamed, 14 653 tonnes de médicaments ont été collectées en 2018, acheminés dans une usine d’incinération pour y être brûlés avec les déchets ménagers et valorisés en énergie, ce qui permet de chauffer « 7 à 8.000 logements pendant une année entière », indique à TF1 le président de Cyclamed, Thierry Moreau Defarges.
Si, indique l'OCDE, la plupart des pays membres ont pris des mesures de surveillance pour certains produits pharmaceutiques dans les eaux de surface, les risques environnementaux de la majorité d'entre elles n'ont jamais été évalués. D'après l’Agence allemande pour l’environnement (UBA), 10% des produits pharmaceutiques présentent un risque environnemental potentiel. Les hormones, les antibiotiques, les analgésiques, les antidépresseurs, les anticancéreux, ainsi que les antiparasitaires à usage vétérinaire font partie des substances les plus préoccupantes, sans compter les effets cocktails potentiels.
Face à cette situation, qui devrait empirer avec, entre autres, le vieillissement de la population, l'OCDE appelle à l’action au niveau national et international.
Source : LCI 16/11/2019