« Les pharmaciens sont des professionnels de santé. Qu’ils puissent délivrer des traitements sous protocole pour des pathologies simples (rhume, angine, conjonctivite…) du quotidien apporterait une réponse concrète, sûre et rapide aux besoins des Français », a affirmé jeudi dernier au micro de RTL Thomas Mesnier (LREM) qui revient avec un amendement au projet de loi de santé pour autoriser les pharmaciens à prescrire certains médicaments.
Réactions immédiates des syndicats de médecins. MG France menace de quitter la négociation sur les CPTS en cas de maintien de cet amendement
« qui désorganiserait un peu plus le système de soins » peut-on lire dans l’édition du Généraliste parue samedi.
« Qui peut définir une “petite maladie” en dehors du médecin après interrogatoire et examen du patient ? (…) Qui peut accepter d’être interrogé sur sa santé en public dans une officine par-dessus le comptoir ? », interroge notamment le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat.
De son côté, le président de la FMF Jean-Paul Hamon, également invité au micro de RTL pour débattre avec Thomas Mesnier, a alerté sur les dangers d'une telle mesure.
« Cela va faire changer les pharmaciens de métier et dégrader les conditions de prise en charge des Français. On peut dire d'une angine ou d'une cystite qu'elle est "simple" seulement une fois qu'on a examiné le patient ». La priorité est
« de donner aux jeunes l'envie de s'installer en libéral » et pas de
« soulager les médecins d'actes simples en mettant en danger la santé des patients ». La CSMF quant à elle souligne que les exemples donnés par le député peuvent
« cacher des pathologies beaucoup plus graves ». Le Dr Jean-Paul Ortiz fait valoir que
« Si les choses doivent évoluer, c’est bien après des discussions entre médecins et pharmaciens que cela doit se faire et pas dans l’enceinte de l’Assemblée nationale ». La CSMF se déclare
« prête à rencontrer les représentants des pharmaciens pour faire évoluer les contours de nos métiers si cela s’avère nécessaire ». Enfin, le SML réaffirme son opposition à la mesure et
« s’étonne que l’on veuille confier à un professionnel le pouvoir de prescrire les médicaments qu’il délivre, à l’heure où l’on dénonce à longueur de colonnes les "conflits d’intérêts" en tout genre ». « La formation des pharmaciens ne leur permet en aucun cas de poser un diagnostic et encore moins d’arrêter une prescription », tranche le syndicat du Dr Philippe Vermesch.
« L’examen clinique et le diagnostic sont du ressort exclusif du médecin ». En commission des Affaires sociales de l'Assemblée mardi dernier, Agnès Buzyn s'est montrée plus mesurée :
« Nous sommes favorables à un rôle renforcé des pharmaciens dans les parcours de santé (...) mais je crois que cette évolution des rôles en termes de prescription doit nécessiter encore un peu de travail ». Le texte de loi sera débattu à partir du 18 mars au Palais Bourbon.
Source : Le Généraliste 09/03/2019