
À partir de samedi, les médicaments vendus en Europe devront être systématiquement scannés pour mieux lutter contre les contrefaçons suivant une directive européenne de 2011. Le code informatique unique apposé sur chaque boîte de médicaments de prescription, grâce à un pictogramme noir et blanc, permet de compléter la traçabilité du lot de médicaments en authentifiant chaque boîte au moment de la distribution. Les données sont vérifiées en temps réel via une plateforme nationale connectée à un « hub » européen.
Le Télégramme revient sur cette situation. Les industriels se sont préparés en adaptant leurs lignes de production, de même que les grossistes-répartiteurs, qui approvisionnent les pharmacies. Mais, en aval de la chaîne du médicament, tout reste à faire et les syndicats de pharmaciens ne sont pas convaincus. En l’état, la sérialisation « ne nous sert pas du tout », indique Philippe Besset (FSPF), selon lequel aucune pharmacie en France n’est prête. La FSPF dénonce une vision « purement logistique » du rôle du pharmacien et juge que le dispositif n’apporte qu’une « fausse sécurité », car le système n’a pas été conçu pour faciliter le rappel de produits. De son côté, l’USPO plaide pour un contrôle du médicament à sa réception et non pas au moment de sa dispensation, comme le prévoit le texte européen. Selon l’USPO, cette tâche risque de « perturber » le travail des pharmaciens au comptoir et poser un problème d’« image » face au patient si sa boîte de médicaments s’avère falsifiée. Les pharmaciens dénoncent aussi d’autres problèmes comme la facturation d’un médicament quand celui-ci n’est pas encore en stock, ou la préparation des doses administrées par les pharmaciens pour des résidents d’Ehpad par exemple.
Faute de précisions de la Direction générale de la santé (DGS), la plupart des logiciels officinaux n’ont pas encore été adaptés à la sérialisation. Un blocage de la distribution de médicaments ne serait toutefois pas à craindre. « Les autorités prendront en compte le fait que les éditeurs de logiciels œuvrent activement pour réaliser les développements informatiques adéquats et qu’un délai d’implémentation dans toutes les pharmacies d’officine sera nécessaire », a -t-elle indiqué, soulignant, en outre, qu’il reste encore beaucoup de médicaments non sérialisés à écouler, ce qui « permet d’accorder un délai supplémentaire aux pharmaciens pour la mise en place complète du dispositif ».
Source : Le Télégramme 04/02/2019