
L’arrêté de déremboursement d’Aricept, Ebixa, Exelon, et Reminyl a été publié au
Journal officiel du 1er juin 2018. Agnès Buzyn, a assuré qu’il s’agissait d’une décision « purement médicale » s’appuyant sur l’avis scientifique de la Haute autorité de santé.
La ministre a annoncé jeudi sur Europe 1 : «
Tout l’argent qui va être économisé sera intégralement réorienté vers l’accompagnement des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, soit pour les centres mémoire soit pour le secteur médico-social qui les prend en charge ». La direction générale de la santé et la direction de la sécurité sociale ont souligné que «
l’intérêt thérapeutique des médicaments de la maladie d’Alzheimer n’est pas suffisant pour justifier leur prise en charge par l’assurance maladie ». Alors que 128,5 millions d’euros par an sont remboursés par la sécurité sociale pour des produits comme l’homéopathie, cet argumentaire aura sans doute bien du mal à passer. L’association France Alzheimer & maladies apparentées juge la décision «
infondée et dangereuse » : «
Pour les familles qui n’en ont pas les moyens, l’Association craint tout simplement la sortie dangereuse du parcours de soins ». Le Figaro rapporte quelques témoignages. Responsable du CMRR de Lille, Florence Pasquier, professeur de neurologie (CHU de Lille), se dit «
complètement dépitée par cette annonce ! ». «
Des médecins généralistes me demandent : que va-t-on dire à nos patients qui allaient mieux depuis qu’ils avaient le traitement ? Que va-t-on faire pour ceux qui n’ont pas les moyens de payer de leur poche les 30 euros mensuels que coûte le traitement ? ».
«
Je comprends l’impact symbolique d’une telle décision », commente encore Emmanuel Hirsch, professeur d’éthique médicale à l’université Paris-Sud (Paris Saclay). «
Il y a quelque chose de désespérant à constater qu’il n’y a pas de traitement, en dépit de tous les investissements qui ont été faits par les industriels du médicament, mais tout n’est pas vain, car l’approche de la maladie a considérablement évolué ces dernières années », d’abord par la prise en charge désormais largement pluridisciplinaire. Le Pr Hirsch s’émerveille aussi de la créativité dont font preuve les proches et les personnels sur le terrain : «
La réhabilitation du handicap est le nouveau combat commun aux maladies neuro-évolutives et aux personnes vulnérables. À ce titre, les Ehpad sont des start-ups qui s’ignorent ! »
Source : Le Figaro 01/06/2018