
Rhume, toux, mal de gorge, grippe et troubles intestinaux, dans les médicaments disponibles sans ordonnance, près d'un sur deux est « à proscrire », selon le magazine 60 millions de consommateurs qui dévoile une « liste noire » de produits parmi ceux les plus vendus.
Sur 62 médicaments passés au crible sous le contrôle du professeur Jean-Paul Giroud, pharmacologue clinicien reconnu, membre de l'Académie de médecine, et Hélène Berthelot, pharmacienne, seuls 21% d'entre eux (13) comme Vicks Vaporub, Imodiumcaps, Gaviscon menthe, Forlax 10 G, Maalox sans sucre (mais Xolaam, son jumeau méconnu est vendu environ 2 fois moins cher), sont « à privilégier » car présentant un rapport bénéfice/risque favorable, avec une durée d’utilisation qui doit rester courte.
Un tiers est classé « faute de mieux ». Leur efficacité est faible ou non prouvée mais ils n'ont pas, peu ou très rarement d'effets indésirables.
En revanche, près d'un sur deux (28) est tout simplement « à proscrire », le rapport bénéfice/risque étant défavorable en automédication.
En bonne place sur cette « liste noire » figurent des « stars anti-rhume » comme Actifed Rhume, DoliRhume et Nurofen Rhume. Ce sont des cocktails de deux à trois composés actifs : un vasoconstricteur (nez bouché), un antihistaminique (nez qui coule) et du paracétamol ou de l'ibuprofène (mal de tête). Ces tout-en-un cumulent des risques de surdosage et d'effets indésirables gravissimes (accidents cardiovasculaires, neurologiques, vertiges...). Pour les médicaments destinés à soulager la toux, 60 Millions de consommateurs annonce : « C'est l'hécatombe par rapport à l'étude que nous avions réalisée en 2015, où il y avait 35 % de médicaments à privilégier et +seulement+ 50 % à proscrire ». Cette dégradation provient du fait que, depuis juillet, les sirops ou comprimés à base de dextrométhorphane (dérivé opioïde), une substance efficace pour certaines toux sèches et fatigantes, ne sont plus accessibles sans ordonnance en raison d'un détournement « marginal » de cette substance par des ados. Le magazine épingle encore parmi d'autres produits des pastilles pour la gorge à base d'anti-inflammatoires comme Strefen sans sucre, qui présente inutilement un risque d'hémorragies digestives. Également dans le collimateur des fluidifiants bronchiques qui n'ont jamais fait la preuve de leur efficacité et peuvent être source d'allergie et d'irritation du tube digestif, selon le Pr Giroud. Plus généralement, « si le risque zéro n'existe pas, malheureusement l'efficacité zéro, elle, est indiscutable pour plus de 55% des médicaments d'automédication » disponibles sur le marché, s'indigne ce spécialiste.
La réaction de l’Afipa (Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable) ne s’est pas fait attendre : « Ce dossier est le marronnier de 60 millions de consommateurs », indique le Délégué général de l’association interrogée par la Celtinews, « il a le mérite de parler d’automédication et donc de pouvoir réexpliquer aux patients comment s’automédiquer, pourquoi lire une notice… Mais il contribue malheureusement à remettre en cause sans fondement le périmètre du conseil officinal déjà très malmené depuis quelques mois ». A suivre donc.