
Les premiers amphis de l’Officine organisés hier par la FSPF à la maison des pharmaciens (Paris 9ème) a été l’occasion de débattre du modèle économique de l’officine de demain. Pendant longtemps, l’idée de «
pléthore officinale » a été étroitement associée à celle de pharmacie de proximité. Selon Claude Le Pen, économiste (Université Paris Dauphine) expert de l’univers pharmaceutique depuis de nombreuses années, nous assistons aujourd’hui à une «
distension du tissu officinal » avec d’un côté les petites pharmacies, premières concernées par les fermetures, pour peu que leur localisation ne leur offre aucune possibilité de regroupement, et de l’autre les très gros points de vente, axés sur le discount, soutenus par les fonds d’investissement, mais qui paradoxalement sont aussi les plus à même d’investir dans les nouvelles missions, disposant à la fois de la surface et du personnel requis. De là à parler «
d’effet pervers des nouvelles missions » au profit de ces géants… Un état de fait qui appelle une politique plus ciblée, en capacité de réconcilier le modèle économique des petites officines et des «
monstres » qui se sont développés alors que les conditions de rémunération sont à ce jour les mêmes pour tous. Taxer les géants, garantir un minimum de chiffre d’affaires aux pharmacies installées dans les territoires sous médicalisés comme c’est le cas dans certains pays ? Encore faut-il convenir d’une politique, définir les zones à risque et se donner les moyens d’agir pour préserver une offre de proximité. Dans cette optique, les ARS ne seraient-elles pas mieux armées que la CNAM pour adresser les disparités qui s’expriment au sein des territoires ? Non seulement nous assistons aujourd’hui à un changement de modèle économique de l’officine mais une superposition de plusieurs modèles économiques se dessine clairement. Rien de pourra arrêter les modèles de distribution efficace, le développement des ventes sur Internet. Pour autant, la télémédecine ne pourra compenser les problèmes de démographie médicale que si les petites pharmacies restent en place.
Source : Celtinews 18/06/2019