« Pour certains malades, le passage à la pharmacie s'annonce plus douloureux l'an prochain », informe le Figaro. Une réforme instaurant une hausse progressive des honoraires des pharmaciens va entrer en vigueur au 1er janvier 2019. Le patient risque de payer le prix de ces honoraires censés permettre aux pharmaciens de faire face à la baisse de leur marge.
«Le gouvernement souhaite piloter les prix industriels. Il veut baisser les prix des médicaments plus anciens pour permettre l'arrivée de médicaments plus innovants et plus chers. Cette politique se traduit par une baisse de nos marges. Les honoraires permettent d'en limiter l'impact pour les officines», explique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). «Aujourd'hui, notre rémunération se compose d'environ 50% d'honoraires de dispensation et 50% de marge. Cela nous permet d'être moins dépendants du prix du médicament», précise-t-il.
Selon l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), la marge des officines affichait une baisse de 30 millions d'euros sur les neuf premiers mois de l'année, une tendance qui devrait se poursuivre les années suivantes. La réforme prévoit donc d'introduire trois nouveaux honoraires en 2019 et de les augmenter en 2020 pour qu'à cette échéance, la rémunération des pharmaciens se compose à 75% d'honoraires et 25% de marge. Sera donc mis en place l'an prochain un honoraire à l'ordonnance de 50 centimes auxquels peuvent s'ajouter un honoraire de 2 euros pour les médicaments spécifiques (anxiolytiques, hypnotiques…) et un honoraire de 50 centimes lié à l'âge du malade (moins de 3 ans et plus de 70 ans). Ces deux derniers honoraires passeront respectivement à 3,5 euros et 1,55 euro en 2020.
Le problème de cette réforme porte sur les médicaments pris en charge à 15% ou 30% par la Sécu. «Les complémentaires qui ne prennent pas en charge ces médicaments ont décidé de ne pas non plus prendre en charge leur part des honoraires de dispensation lorsque ces médicaments figurent sur l'ordonnance», dénonce Philippe Gaertner. Les 30% des honoraires du pharmacien que la mutuelle devait payer resteront à la charge des patients. Pour ne pas avoir à payer un reste à charge plus important, ces patients auraient intérêt à ne pas demander à être remboursés, de manière à payer uniquement leur médicament à son prix de base et non le prix majoré de l'honoraire du pharmacien. «Mais les malades ne le feront pas. Il faudrait pour cela qu'ils connaissent les prix de base des médicaments inscrits sur leur ordonnance, qu'ils vérifient leur taux de remboursement par la Sécu et qu'ils sachent si leur mutuelle les prend en charge. Cela n'arrivera pas. Au final, ils donneront leur carte vitale au pharmacien et ils paieront», déplore encore la FSPF.
Source : Le Figaro.fr 26/11/2018