
Développer des vaccins contre de nouvelles maladies s'avère coûteux, risqué et peu rentable expliquant que les géants du secteur hésitent à sortir des sentiers battus.
Un milliard et demi d'euros en R&D et 350 millions d'euros d'investissements industriels, c'est le montant dépensé par Sanofi pour le Dengvaxia, son vaccin contre la dengue. «
Pourtant, ses ventes n'ont pas dépassé les 3 millions d'euros en 2017 et la production a été suspendue l'année suivante, faute de demande, alors même qu'un besoin de santé publique existe ». Cet échec, lié à la science, à la politique internationale et à Sanofi lui-même, nous livre les Echos, est emblématique de l'ampleur des risques pris par les industriels pour développer des vaccins innovants. De manière générale, on estime à un milliard de dollars le coût de développement moyen d'un vaccin. Soit autant qu'un médicament. Or, peu de vaccins ont l'étoffe de blockbusters (un milliard de dollars de ventes annuelles) susceptibles de rentabiliser l'investissement en R&D. En effet, les grandes maladies infectieuses des pays développés font déjà l'objet de vaccins. Ou bien, comme le sida ou la tuberculose, ce sont des cibles trop complexes au plan scientifique. Pour les pays en voie de développement, il n’y a pas forcément de marché solvable à la clé comme c’est le cas avec le Dengvaxia de Sanofi. Quant aux programmes de financement publics, ils offrent des prix trop bas par rapport aux coûts de production, sans parler de rentabiliser les dépenses de R&D. En outre, pour les maladies émergentes comme Ebola, le Chikungunya ou Zika les poussées épidémiques sont entrecoupées de périodes de quasi-disparition de la maladie, qui rendent la réalisation des essais cliniques longue et difficile.
Source : Les Echos 16/04/2018