
D’application immédiate, la décision prise par le ministère de la santé le 12 juillet par décret, d’inscrire les médicaments à base de codéine sur la liste des produits délivrés sur ordonnance, n’a pas d’équivalent dans son immédiateté. Les pharmacies ont parfois été prises de cours.
Une publication du Monde parue samedi se fait l’écho de quelques témoignages. « Il y a eu un flottement », assure une jeune pharmacienne, dans le XIVe arrondissement de Paris. Certaines officines ont stoppé la vente dès la signature de l’arrêté, le 12 juillet, quand d’autres l’autorisaient encore le 13, quelques-unes permettant encore à leurs patients de faire des stocks à la veille du 14 juillet. « Des remontées de ce type, avec des patients cherchant à constituer une réserve et des pharmaciens un peu pris au dépourvu, on en a eu les premiers jours », a confirmé Alain Delgutte, de l’ordre national des pharmaciens.
Pour autant, aucun phénomène de stockage significatif n’a pu être constaté au niveau général autour du 12 juillet. Pour Patrick Guérin, dirigeant d’OpenHealth, spécialiste français du traitement des données de santé, l’analyse des ventes de plus d’une pharmacie sur deux nous montre qu’« Il y a eu un léger pic de ventes hors prescription le 13 mais qui ne semble pas significatif à la veille d’un long week-end ». Ni l’ordre national des pharmaciens, ni l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine ne conteste la mesure mais la méthode pose question. D’après Alain Delgutte « Les changements de réglementation dans un délai aussi court sont extrêmement rares. Il faut gérer des stocks de produits qui ne peuvent plus être conseillés ni vendus ». De son côté, l’ANSM fait valoir qu’une interdiction de vente aux mineurs aurait été plus longue à obtenir et n’aurait pas permis de protéger les jeunes de plus de 18 ans, situation intolérable à la veille des vacances.
Sources : le Monde 22/07/2017