
Face à une rentabilité en berne des officines, le rapport de l’Observatoire économique régional de la CCI Paris Ile-de-France souligne « l’urgente nécessité de revoir en profondeur un modèle économique désormais inadapté ».
En 2017, l’Ordre des Pharmaciens recense 3 756 officines en Ile-de-France, soit 18 % du total français. Un quart des officines franciliennes ont moins de 3 salariés et les trois quarts moins de 6 salariés. 20 670 salariés sont employés dans les pharmacies franciliennes, tandis qu’on y dénombre 4 312 pharmaciens titulaires. En 8 ans, le nombre d’officines a diminué de 7 % en Ile-de-France, contre 4 % en France, en raison notamment des regroupements d’officines, mais aussi de fermetures faute de repreneur. Sur la même période, les effectifs ont baissé de 2 % en Ile-de-France et de 1 % au plan national.
La part de l’exploitation des officines en société n’a cessé de progresser ces dernières années pour devenir majoritaire, au détriment de l’exploitation en nom propre. Plus généralement, de nombreux pharmaciens investissent dans d’autres officines via les SEL (sociétés d’exercice libéral) ou SEFPL (sociétés de participation financière d’exercice libéral) : aujourd’hui 40 % des pharmacies en SEL comptent parmi leurs associés un pharmacien investisseur non exploitant.
Avec des permanences les dimanches et jours fériés et un accès sans rendez-vous, les pharmaciens d’officine sont les professionnels de santé les plus accessibles !
Si la législation est censée protéger leur activité, leur monopole est remis en cause notamment par la grande distribution sur le terrain de l’OTC et le cadre législatif au départ très protecteur fait l’objet de remises en cause régulières. En Ile de France, 80% des officines appartiennent à un groupement tout en restant indépendantes, un appui précieux dans un environnement mouvant. « Toutefois, le développement des enseignes de pharmacies reste faible par rapport à d’autres secteurs du commerce de détail, en raison notamment de la réglementation très stricte et du fort attachement des pharmaciens à leur indépendance ».
« Pour 85 % des pharmacies, la vente de médicaments prescrits représente 80 % de l’activité, avec un prix encadré par la loi donc sans marge de manœuvre pour le pharmacien », indique
Renaud Nadjahi, président de la branche « Pharmaciens » de l’Union Régionale des Professionnels de Santé Ile-de-France. La marge des officines a donc subi le contrecoup de la baisse des prix des médicaments voulue par les autorités. Les pharmaciens n’ont de choix que de dé-corréler leur marge des tarifs des médicaments remboursables, dont ils n’ont pas la maîtrise. Ils étoffent donc et mettent en valeur les rayons médicaments OTC, parapharmacie, diététique de leurs officines, plus rentables, bien que soumis à une forte concurrence.
Aujourd’hui, 2 % des officines seulement disposent en France, d’un site web autorisé de vente en ligne de médicaments, et 0,3 % d’entre elles sont franciliennes.
S’ajoute à ce constat la distorsion qui s’est progressivement installée entre les prix de cession des officines demandés, survalorisés car basés sur une rentabilité passée, et la valeur réelle des officines. Certains pharmaciens se sont retrouvés en situation de surendettement ou dans l’impossibilité de trouver un repreneur.
Les discussions en cours avec l’Assurance maladie sur de nouveaux modes de rémunération sont cruciales pour répondre à cette situation et dégager des solutions pérennes.
Source : Observatoire économique régional de la CCI Paris Ile-de-France Enjeux n°190 avril 2017