
Alors qu’en octobre dernier la HAS préconisait le déremboursement des médicaments prescrits dans la maladie d’Alzheimer pour service médical insuffisant et risque d’effets secondaires, France Alzheimer tire à nouveau la sonnette d’alarme. Si Marisol Touraine qui a lancé une concertation sur le sujet, entérine cette préconisation, les personnes malades et leurs proches paieront un lourd tribut.
Aujourd’hui, des représentants de grandes sociétés françaises de neurologie, psychiatrie et gériatrie ainsi que la Fédération des Centres Mémoire signent une tribune pour préserver le remboursement intégral de la maladie d’Alzheimer, démarche soutenue par France Alzheimer et maladies apparentées.
Comme le précise le collectif « Les médicaments prescrits dans la maladie d’Alzheimer et parfois la maladie à corps de Lewy s’inscrivent dans une démarche globale qui permet de limiter l’impact de la perte d’autonomie, le mieux-être du patient et de son entourage ».
« Forte de près de vingt années de prescriptions, la pharmacovigilance et l’expérience clinique n’ont pas montré de signe d’alerte significatif si […] les contre-indications sont respectées, ce qui est aujourd’hui le cas en France». Priver les malades de ces prescriptions serait courir le risque de décourager les personnes à entamer une démarche diagnostique alors qu’elle constitue la porte d’entrée vers un parcours de soins coordonné, liant approches médicamenteuse et non médicamenteuse. Le risque apparaît d’autant plus grave que seulement 50 % des personnes malades sont actuellement diagnostiquées en France.
Autre problème, le déremboursement, en réservant les médicaments aux familles les plus aisées, engendrerait une grave rupture d'égalité. Le reste à charge est déjà extrêmement élevé (> 1 000 euros/mois en moyenne), et peu de familles pourront assumer les 30 euros mensuels supplémentaires équivalents au coût du traitement.
L’inclusion des patients dans les essais cliniques étant conditionnée à la prise des traitements déjà existant, il en résulterait également une inégalité d’accès aux thérapeutiques innovantes et aux avancées de la recherche.
Pour France Alzheimer, il est impensable de prendre une telle décision sans annoncer en contrepartie la mobilisation immédiate de moyens financiers sans précédent pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées et le développement des structures et dispositifs de soins. « Le contraire serait signe d’une profonde indifférence à l'égard des millions de familles touchées par la maladie ».
Source : Communiqué France Alzheimer 24/03